La Démocratie sénégalaise est réellement malade de ses acteurs et non de ses textes. Si on convoque l’histoire récente, nous avons une situation politique quasi identique entre les années 2011 et 2021 à la différence des acteurs principaux qui ont changé de position selon qu’ils sont dans la majorité présidentielle ou dans l’opposition.
En 2010, quand Wade a acheté son avion présidentiel après avoir, au préalable, fait faire des travaux sur l’ancien à coup de milliards, nous avons observé une levée de boucliers de la classe politique et de la société civile dont les plus virulents étaient Macky SALL himself, Abdou Latif COULBALY, Youssou NDOUR, Mamoudou Ibra KANE. Le prétexte était que, vue la misère ambiante et la situation économique très critique du Gorgorlu, il ne fallait pas faire de dépenses de prestige.
Dans la foulée lors du fameux wax waxètt de WADE pour être candidat une troisième fois, les mêmes ont empruntés, qui les salles de conférence, qui les micros, qui leurs plumes pour dénoncer la candidature de trop, du Vieux politicien, l’accusant de vouloir par ailleurs mettre en place une dévolution monarchique. Et le 23 juin 2011 a été un avertissement sérieux pour WADE qui a su reculer à temps devant les manifestants.
En 2021, il semble que l’histoire est entrain de bégayer.
Avec l’effondrement de nos institutions, dont la plus décriée est celle-là judiciaire, qui a commencé depuis 2012, Macky SALL nous a vendu la reddition des comptes en emprisonnant Karim WADE pour enrichissement illicite. Si les sénégalais ont accepté cet état de fait même s’il y avait un sentiment d’insatisfaction du fait que Karim était le seul à payer ; la transhumance des autres leaders du PDS dans les prairies marron beige, avait fini de convaincre une certaine partie de la population que ce n’était là que des actes bassement politiques pour éliminer un potentiel adversaire.
Avec l’arrestation de Khalifa SALL, Macky avait fini de convaincre qu’il était dans une logique réduire l’opposition à sa plus simple expression et couper toute tête qui déborderait pour lorgner son fauteuil.
Finalement, le peuple désabusé se disait que tous les politiciens étaient pareils et que leur discours évoluait en fonction de leur position par rapport au pouvoir.
Ainsi avec l’arrivée de nouveaux politiciens-activistes comme Sonko, Bougane, TAS, Guy Marius SAGNA, Abdou Karim GUEYE et le jeune expérimenté mouvement YEN A MARRE et la constance d’un certain Bamba DIEYE, les jeunes se sont identifiés à ces politiques qui leur demandaient de prendre en charge leur avenir et de se battre pour leur pays en exacerbant leur patriotisme. C’est dans un tel contexte que les événements de mars 2021 se sont déroulés avec une violence inouïe et un patriotisme très poussé pour barrer la route à Macky SALL qui avait fini de trouver des poux dans la tête de Ousmane SONKO pour le rendre inéligible, donc l’emprisonner comme il l’avait réussi avec les deux KK (Karim et Khalifa) ; surtout avec la formation de la coalition « MBourok-Soow » avec Idrissa SECK arrivé deuxième à la présidentielle de 2019. De fait, principal opposant à Macky, Sonko a su occuper le terrain et contrairement à Karim et Khalifa, il avait compris qu’il fallait un rapport de force pour contrer le pouvoir, ce qu’il réussit avec brio avec la jeunesse qui s’était constitué en bouclier.
Dans son discours de d’apaisement Macky SALL semblait avoir compris la leçon et s’était plié à la requête de Serigne Mountakha qui lui avait demandé de libérer tous les prisonniers dont Sonko.
Dans ce contexte de bras de fer politique et de Covid qui a duré un an, notre économie déjà mal en point a périclité et Macky SALL, le premier à le reconnaitre a demandé une annulation de la dette à l’occident. C’est dans ce même contexte que Macky SALL a acheté un avion à coups de milliards et qu’il semble toujours déterminé à poser une troisième candidature pour un mandat de trop.
Cette situation est certes inappropriée, mais le cocasse dans tout ça, c’est que ce sont ceux qui hier refusaient à WADE l’achat d’un nouvel avion et une volonté de troisième mandat sont aujourd’hui les défenseurs du nouveau joujou de Macky et de sa volonté de se représenter une troisième fois.
Abdou Latif COULIBALY par son mutisme pour l’instant semble dire que « qui ne dit mot consent »
Youssou NDOUR défend bec et ongles un troisième mandat de Macky SALL
Alors que Mamoudou Ibra KANE nous parle de la jurisprudence WADE
TOUS LES TROIS CHANGENT DE DISCOURS POUR DEUX SITUATIONS IDENTIQUES
QU’EST-CE QUI A CHANGE ENTRE 2011 ET 2021 ?