Alors que le président Wade lui demandait de démissionner de son poste de président de l’Assemblée nationale, Macky Sall, qui était aussi un des anciens Premiers ministres sous Wade, a refusé, indiquant qu’il n’avait rien fait de mal. Une chose rare au PDS, car l’autorité du président Wade est rarement contestée. Lorsque le président Wade fait face à l’opposition au sein de son parti, il fait usage de mesures extrêmes telles que la dissolution d’institutions pour se débarrasser des insoumis. Cependant, il n’était pas en mesure de le faire avec le président de l’Assemblée nationale, car la Constitution sénégalaise le lui en empêchait avant une date précise. Il a alors fait usage de la loi permettant de réduire son mandat de cinq à un an, ce qui donnait à Macky Sall au moins six mois à la tête de cette institution, ce que Doudou Wade ne voulait pas entendre et il disait alors que six mois, c’est trop long et que Macky Sall devait démissionner pour respecter la volonté du président ou qu’ils ne respecteraient plus son autorité.
Le président Wade a chargé Doudou Wade d’orchestrer une campagne déguisée pour forcer Macky Sall à démissionner et il avait même obtenu la signature de 107 des 150 députés pour une motion à cet effet. Cependant, Macky a clairement indiqué que ces signatures n’étaient pas juridiquement contraignantes et que par principe, il ne démissionnerait pas. Pendant que le président Wade orchestrait, Macky Sall aussi avait lancé une contre-offensive en mettant en place un groupe de députés dirigés par Aliou Dia pour réclamer l’indépendance du pouvoir législatif et ce dernier a eu le soutien du tiers de l’Assemblée nationale et il a mené une campagne médiatique, après tout, Macky Sall a largement contribué à la réélection du président Wade.
Après avoir voté la réduction du mandat du président de l’Assemblée nationale, il fallait maintenant détruire Macky Sall pour qu’il ne se présente pas aux élections locales et présidentielles. Ne soyez pas surpris si l’actuel gouvernement essaie plusieurs stratégies telles qu’éliminer tous ceux qui peuvent empêcher l’élection en 2024 d’un membre de l’APR ou d’un ami de l’APR. Il faut s’assurer que le prochain président ne mette pas les membres de l’APR en prison. Une loi visant à éliminer les radiés de la fonction publique va essayer d’être votée, même si cette loi ne passera pas, une autre loi visant à éliminer ceux qui ont détourné les deniers publics, se fera respecter. C’est comme cela que la politique marche au Sénégal, mais pour la plupart du temps, les gouvernants testent d’abord l’eau pour en savoir la popularité.
C’est ainsi que l’ancien ministre de l’Intérieur, Cheikh Tidiane Sy, avait accusé Macky Sall de blanchiment d’argent et par la suite, il avait reçu l’ordre de comparaître au poste de police central pour être placé en garde à vue. Bien qu’il puisse y avoir une possibilité que les accusations portées contre Macky Sall soient juridiquement saines, le moment choisi fait de cette accusation une motivation politique pour éviter qu’il ne soit un facteur perturbateur durant les élections locales et d’étouffer ses ambitions présidentielles.
L’heure était grave et il fallait résoudre les différends avec le président Wade si Macky Sall avait toujours une ambition présidentielle. Macky Sall est alors allé à Touba pour demander une médiation, et feu Serigne Bara Mbacké, qui était le nouveau khalife s’en était chargé. Il a alors envoyé l’ambassadeur du Sénégal au Koweït au temps, Serigne Abdoul Lahad Mbacké, et Madické Niang, qui était ministre des Mines et de l’Industrie pour intercéder au nom de Macky Sall. La demande de médiation avait été d’abord demandé à l’ancien khalife, feu Serigne Saliou Mbacké. Le président Wade, en tant que fervent talibé mouride, a reçu Macky Sall et ils avaient mutuellement décidé de mettre fin aux hostilités qui avaient commencé lorsque la Commission des finances de l’Assemblée nationale a appelé le fils du président Wade, qui était en charge de l’ANOCI, de comparaître devant elle. Pensez-vous vraiment que les hostilités soient finies ? Le président Wade, ne voulait pas vexer son marabout et c’est la raison pour laquelle il a fait du cinéma pour apaiser la tension. Farba Senghor avait déclaré que même si le président Wade était assez magnanime pour pardonner Macky Sall, le parti ne le serait pas. N’oublions pas que Farba Senghor était la voix du président Wade avant sa destitution.
Feu Serigne Saliou Mbacké avait su appliquer la séparation des fonctions spirituelles et temporelles à cause des tensions électorales dans les années 90. Avec l’avènement de feu Serigne Bara Mbacké, comme nouveau khalife, il voulait prouver qu’il était à la hauteur de la fonction de khalife et c’est ainsi qu’il hérita de cette médiation. Cela lui a permis de tester son autorité et il a réussi le test, cependant, il était un peu risqué de s’immiscer dans les questions politiques, car il s’exposait face aux critiques et controverses, ce qui pouvait facilement saper son pouvoir. Le khalife était content que ces divergences soient reportées temporairement.
Malgré toutes les médiations menées, le président Wade a destitué Macky Sall et a voulu l’empêcher de se présenter aux élections présidentielles, mais le destin en a voulu autrement. Avant d’être élu président de la République, Macky Sall voyait mal le gouvernement du président Wade malgré qu’il y fît partie. C’est pourquoi il se méfie aussi de son entourage, car il a été ministre, Premier ministre et il sait ce qui se discute dans les couloirs. C’est ainsi qu’il disait qu’il voulait revitaliser la nature républicaine de l’Etat, réduire la taille du gouvernement, moderniser l’agriculture et surtout rediriger les projets d’infrastructures dans les zones rurales. Il disait aussi être pour un système monocaméral avec une présidence forte où l’Assemblée nationale est autorisée à faire son travail. Est-ce le cas ?
À la fin, le président Sall déracinera le baobab libéral et emprisonnera son fils durant trois ans avant de négocier le protocole de Doha, dont peu de personnes en connaissent le contenu. Pensez-vous que Massalikul Jinan peut réussir une médiation là où les autres ont échoué ? À quoi servirait une réconciliation entre le président Wade et le président Sall ? Et si Karim Wade devenait le candidat du président Sall en 2024 ?
Mohamed Dia