SUJET : LA TRANSHUMANCE, UN PHENOMENE BANALISE DANS L’AGENDA POLITIQUE SENEGALAIS
PLAN :
INTRODUCTION :
I- Le manque de démocratie interne dans les partis politiques sénégalais
1- Un choix discrétionnaire des leaders politiques
2- Un choix opportuniste II- Une division dans l’arène politique sénégalaise
1- Un déséquilibre instauré par le système de parrainage
2- Une formation inachevée des leaders politiques
CONCLUSION
INTRODUCTION
Le système politique sénégalais est marqué par un régime présidentiel où le Président de la république exerce la fonction du chef de l’Etat et le Premier ministre la fonction du chef de gouvernement. De ce fait, « les pouvoirs »1conférés au chef de l’Etat restent déterminants dans le fonctionnement de l’appareil politique. Malgré cet encadrement constitutionnel on remarque de plus en plus une certaine influence exercée à l’endroit de ses adversaires du fait de son statut mais aussi de ses tentatives de pérennisation du pouvoir. Même si au sein de l’opinion publique sénégalaise les expressions alliances et coalitions sont confondues, la transhumance reste spectaculaire dans l’agenda des leaders politiques. Et cela se justifie aux yeux de l’opinion publique sénégalaise comme un phénomène banalisé. Ainsi, il a été constaté qu’au cours de ces dernières décennies un vent nouveau souffle dans l’arène politique sénégalaise. Ce qu’il y a lieu de considérer que c’est un phénomène apparemment nouveau pour les uns et pour les autres ce fait matérialise seulement le comportement de nos leaders politiques. En pareil cas celui-ci est communément appelé aux yeux de l’esprit scientifique « la transhumance politique ». A cet égard l’expression transhumance « est un mot à connotation purement agronomique au départ et renvoie aux peuples essentiellement composés d’éleveurs qui doivent aller de contrées en contrées au rythme, des saisons, en quête de verdoyants pâturages pour leurs troupeaux. Ils ont beau faire de long voyages, ils reviennent toujours au bercail, quitte à reprendre leurs pérégrinations plus tard peut être dans d’autres directions »2.
Autrement dit, elle se manifeste par un déplacement périodique d’un groupe de personnes pour rejoindre une autre région. L’aspect banal renvoie uniquement au manque de caractéristiques propres aux hommes politiques. En ce qui concerne l’agenda, on peut le considérer comme un programme d’activité de l’homme politique ou un calendrier déclinant les choix opérés au cours de ses activités. Au regard de toutes ces considérations (transhumance, phénomène banalisé et l’agenda), il nous revient de poser la question de savoir qu’est ce qui est à l’origine du rejet de leurs idéologies politiques ? . Cependant le procès dressé de nos leaders politiques par l’opinion publique sénégalaise est peu enthousiaste du fait de nombreuses pratiques dont les manifestations restent intermittentes et variées telles que les démissions de militants ou responsables d’un parti politique pour rejoindre un autre, l’achat de confiance, les migrations à outrance, alliances complotées, les consignes maraboutiques etc. Au Sénégal, si le phénomène de la transhumance reste constant dans l’actualité politique, il est préférable d’apporter notre point de vue en toute objectivité. En effet l’intérêt du sujet est manifeste mais l’aspect généraliste sera au cœur de notre travail. C’est ce qui nous pousse à axer notre réflexion sur un double point de vue, d’une part le manque de démocratie interne au sein des partis politiques sénégalais(I) avant de voir d’autre part ce qui se cache au sein de cette division dans l’arène politique sénégalaise(II).
I-LE MANQUE DE DEMOCRATIE INTERNE DANS LES PARTIS POLITIQUES SENEGALAIS
La recherche d’un intérêt personnel pousse certains leaders politiques à changer des stratégies sacrifiant l’idéologie ou le soubassement du parti politique. Au chapitre des faits, le parti politique constitue le noyau de la démocratie, d’une autre manière le parti politique, est « une sociation reposant sur un engagement (formellement) libre ayant pour but de procurer à leurs chefs le pouvoir au sein d’un groupement et à leurs militants actifs des chances idéales ou matérielles de poursuivre des buts objectifs d’obtenir des avantages personnels ou de réaliser les deux ensembles»3. Ce qui justifie sa reconnaissance constitutionnelle à son article 4 4et son encadrement profond par les autorités politiques. Malgré cet aspect visuel, on note une certaine incompréhension voire un manque de démocratie interne du leader vis-à-vis de ses compagnons ou militants. Ce qui montre parfois selon eux un choix opéré par le décideur, jugés par ses militants à la fois discrétionnaire (1) mais aussi opportuniste à la fois(2).
1- UN CHOIX DISCRETIONNAIRE DES LEADERS POLITIQUES
Dans l’histoire politique sénégalaise des choix spectaculaires ont toujours animés l’esprit de nos leaders politiques surtout durant les périodes électorales ou post-électorales. Ce qui montre parfois les choix effectués par certains des leaders animés par l’envi de gagne allant dans le sens de trahir l’idéologie du parti. En effet, le phénomène de la transhumance a toujours existé, en Mars 1959 un député du nom d’Ibrahima Seydou Ndao démissionna de son parti avant les élections à l’époque de l’Union Progressiste Sénégalaise pour rejoindre le Parti pour la Solidarité Sénégalaise(PPS) de Cheikh Tidiane Sy (Paix à son âme). On peut dire que c’est lui qui a inauguré la transhumance parlementaire à l’époque de l’Assemblée territoriale (ancêtre de l’Assemblée Nationale).On peut en ajouter aussi d’autres exemples comme Iba Der Thiam qui avait initié le mouvement « Abdo nu doy »5 en 1988 alors il décida de rejoindre Wade ; Aida Mbodji dans les années 2000 avec la mouvance présidentielle dirigée par le Pape du Sopi qualifiant ce dernier au début de « Fantômas » ; Djibo Ka(psl) en 2000 pour soutenir Wade celui qu’on qualifiait à l’époque « L’éternel transhumant » etc. D’ailleurs c’est au niveau du régime en place qu’on voit plus le phénomène de la transhumance (souleymane Ndéné Ndiaye, Pape Samba Mboup, Maitre Aissata Tall Sall, etc.) ce qui ne laisse pas indifférent les critiques au sein de l’opinion publique. Ce choix discrétionnaire se justifie par l’absence d’idéologie propre et le déséquilibre dans le financement des partis politiques sénégalais, si on voit que la quasi-totalité des dépenses du parti sont effectuées par le leader en chef. Paradoxalement, ce dernier abuse de son leadership et fait parfois des choix opportunistes.
2- UN CHOIX OPPORTUNISTE
Toujours au sein du parti on remarque que la position du leader est parfois critiquable du fait de ses désirs individuels mais aussi de ses choix opportunistes. Ainsi, la plupart des querelles au sein des partis politiques sénégalais sont engendrées par le manque de concertation entre les militants et le non-respect du règlement intérieur édicté par ledit parti. Parfois certains leaders qualifiés de « frustrés politiques » tentent de faire des alliances avec des intérêts purement personnels. Ce jeu est très fréquent surtout durant les périodes électorales (législatives ou présidentielles) car ses transhumants espèrent obtenir des récompenses après les échéances électorales. À titre illustratif on peut citer les propos d’un membre de la Convergence des Jeunesses Républicaines du nom de AMADOU NIANG qui dit « La république est dévoyée. C’est vraiment dommage pour nos jeunes, espoirs de demain parce que nous manquons de référence qui puisse nous motiver dans nos combats futurs consistant à promouvoir notre démocratie. Il nous reste plus qu’à nous contenter surtout de notre éducation de base, de notre formation et poursuivre notre combat politique dans la cohérence pour ne pas devenir comme ces politiciens véreux(…) » En effet, la plupart de ces leaders ne sont jamais animés par les règles de l’éthique encore moins l’absence d’idéologie propre. Ce qui justifie leurs choix occasionnels afin de maintenir leurs positions au sein de l’arène politique.
II-UNE DIVISION DANS L’ARENE POLITIQUE SENEGALAISE
Dans une perspective d’équilibre des pouvoirs et de renfoncement de la démocratie, on remarque certains réaménagements institutionnels afin de répondre aux exigences régionales et internationales. En effet, si certains choix sont effectués par nos gouvernants, les justifications ne laissent pas perplexe l’esprit scientifique mais la démarche obtenue nous permet de mettre au point les conséquences au niveau de cette division des leaders politiques. Ce qui montre d’une part que la transhumance trouve ses limites au niveau du déséquilibre instauré par le système de parrainage(1) mais il est important aussi d’admettre d’autre part que la formation de nos leaders reste inachevée gage de précipitation au pouvoir(2)
1-UN DESEQUILIBRE INSTAURE PAR LE SYSTEME DE PARRAINAGE
L’Etat fonctionne toujours avec des principes équidistants qui ne doivent en aucun cas bouleverser son architecture institutionnelle fondement de sa dévolution. Ainsi, dans cette même lignée des changements sont apportés au niveau de son fonctionnement ce qui ne laisse pas étranger des critiques avec l’instauration du système de parrainage 6 par voie référendaire. De même des incertitudes sont reconnues sur la loi instituant le système de parrainage tel est l’avis du Professeur de Droit Public Alioune Gueye qui qualifie cette loi comme « une élimination supposée des candidats fantaisistes, une correction alléguée à une discrimination ou une rupture d’égalité entre les candidats indépendants et les partis politiques(…) » En pareil cas, même si le parrainage constitue un système de recyclage des partis politiques cela ne demeure pas moins qu’il sanctionne les plans de certains leaders politiques qualifiés de déséquilibre voire même des techniques de contrôles. Ce qu’il y a lieu d’admettre que dans une certaine mesure que ce système combatte les partis politiques qualifiés « d’antennes » c’est-à-dire une absence totale de leurs bases politiques. Quitte à savoir comment ses partis vont s’organiser dans l’avenir. Des problèmes difficiles à résoudre, mais pas impossible d’en apporter des solutions. Par contre, aux yeux des citoyens, la transhumance constitue une trahison de l’esprit du parti mais aussi par l’admiration portée au niveau de la population car avec ce système, l’opposition est en voie de disparition. Mais les combats menés seront de plus en plus restreints. Le débat reste ouvert sur le devenir de nos politiciens reste à savoir si cela est dû à un manque de formation nécessaire ou à l’incarnation de la vertu politique.
2-UNE FORMATION INACHEVEE
La compétence reste l’épine dorsale de toute activité de la vie quel que soit le niveau étatique ou le domaine de l’entrepreneuriat. En effet la plupart des leaders politiques sénégalais sont tributaires des influences politico-partisanes sans formation nécessaire au sein de l’arène politique. Ce qui justifie leurs faibles chances à aller en compétition avec le pouvoir en place alors que l’expérience politique reste déterminante pour chaque leader. Comme le disait ARISTOTE la politique est « l’art de gouverner la cité ». Et cet art repose sur des idéologies définies par les élites politiques durant les époques classiques afin de pouvoir conquérir le sommet de l’Etat. Il est toujours important de rappeler que ceux qui s’engagent dans la politique ont une responsabilité toute entière. Par conséquent, il nous faut des patriotes convaincus, capables de hauteur, attentifs aux besoins des sénégalais et soucieux de défendre l’intérêt général. Ce qui nécessitait une bonne formation pour tout homme politique désirant conquérir le pouvoir. De même des programmes de formation politique existent à travers le monde par exemple au Burundi le Conseil National pour la Défense de la démocratie(CNDD) permet aux militants d’être plus rationnels dans leurs analyses et de dépasser les instincts négatifs. En définitive la transhumance malgré ces critiques portées sur elle, il nous revient de penser au devenir de la démocratie sénégalaise dans son intégralité. De par son identité à travers le monde et sa refondation avec la mise en place de nouveaux mécanismes qui chamboulent l’architecture institutionnelle dans son ensemble.
CONCLUSION :
La transhumance a toujours fait l’objet de débat dans l’opinion publique sénégalaise qui en synergie avec les hommes politiques. Ainsi au niveau des partis politiques sénégalais on constate des dérives politiques pernicieuses qui donnent parfois des frissons avec cette absence totale de démocratie. Ce qui entraine dans une certaine mesure des instincts négatifs sur le problème de la division au sein de cette classe politique. C’est dans ce même ordre d’idée qu’il nous revient de s’interroger sur l’identité de la démocratie sénégalaise. La transhumance n’entrainera-t-elle pas l’orientation de l’architecture institutionnelle du Sénégal ?
AMADOU BA.