Je m’indigne des actes barbares avant de m’incliner devant la mémoire des victimes. Ce qui vient de se passer en Afrique du Sud est une honte pour l’humanité toute entière et particulièrement pour les Africains que nous sommes. J’ai d’autant plus honte que cette ignominie est causée par une catégorie de personnes pour qui Nelson Mandela s’est battu toute sa vie durant pour qu’elle ait les mêmes considérations que les Blancs. Aujourd’hui, c’est une partie de ce groupe qui s’en prend sauvagement à d’autres personnes.
L’adverbe « sauvagement » même me semble inapproprié car je ne pense pas que la bestialité des animaux puisse atteindre ce niveau de violence cruel ! Comment peut-on tuer des gens qui gagnent dignement leur vie sous prétexte qu’ils décrochent les boulots au détriment des autochtones ? Pourquoi seuls des Noirs sont blessés, violentés, torturés, brûlés vif et exécutés ? Les grandes affaires ne sont-elles pas gérées par des occidentaux ? N’y a -t ‘il pas des maghrébins qui tirent profit plus que ces pauvres chauffeurs et commerçants à petite catégorie ?
Je précise que je ne prône pas pour qu’on attaque ces autres humains comme nous. Je ne suis pas raciste ni xénophobe. Je veux juste comprendre la méchanceté de ces jeunes Noirs sur les autres Noirs africains et éventuellement imaginer leur niveau de complexe et d’ignorance. Cette foudre va-t’en- guerre qui gronde au pays arc-en-ciel risque de se terminer par une pluie de violence qui n’épargnerait aucun pays d’Afrique. Cette pluie provoquée est causée par des jeunes tir-au-flancs, fenians sans aucune compétence qui continuent de vivre sous la dépendance de leurs parents et qui refusent d’exercer les petits boulots. Par contre, les étrangers qui sont venus travailler ne refusent aucune tâche. Ils travaillent dur pour subvenir à leur besoin et avoir de quoi envoyer à leurs familles. Au bout de quelques années, comme petit à petit l’oiseau fait son nid, ils deviennent riches. Ils arrivent souvent de passer du petit boutiquier au grossiste, du simple chauffeur au transporteur, du pauvre locataire au propriétaire de la maison…
Ces cas de réussite que les autochtones voient se réaliser sous leurs yeux font naître la jalousie, la haine, la xénophobie, l’ostracisme. Ils pensent que ce sont les étrangers qui sont à l’origine de leur chômage et de leur pauvreté en crescendo. Voilà le mirage qui les pousse à ce niveau de violence indescriptible. Ils se trompent lourdement. En réalité, l’ennemi du jeune Africain c’est lui-même, son ignorance des vrais enjeux socio- économiques, son sentiment de supériorité à l’égard des autres frères Africains et son complexe d’infériorité vis à vis des Blancs. Les vrais ennemis du Jeune Africains ce ne sont pas ces pauvres étrangers Noirs mais plutôt lui- même, sa propre ignorance des enjeux socio- économiques. Ce qui l’appauvrit ce sont : le bradage de ses ressources naturelles, le manque de vision des hommes d’État, la manipulation des acteurs politique.
Jeunesses africaines réveillez-vous, jeunesses africaines unissez-vous. Vous n’êtes pas des ennemis vous êtes des frères liés par l’histoire, la géographe et la biologie.
Je ne peux terminer sans lancer un appel au calme, à la sérénité et à la paix. C’est vrai que cette barbarie provoque chez les concitoyens des victimes et même par-delà une réaction épidermique telle que la loi du Talion : œil pour œil, dent pour dent. Mais une telle attitude risquerait de plonger mon continent dans un bain de sang sans vainqueur ni vaincu. Pour cela l’État sud-africain doit le plutôt possible prendre ses responsabilités, apporter des sanctions sévères à la mesure de ce crime contre l’humanité. J’invite aussi l’opinion à ne pas se laisser manipuler à travers des images et vidéos qui n’ont rien à voir avec cette affaire et pourtant qui sont véhiculées pour mettre encore de l’huile sur le feu.
El hadji Maodo Mbaye
Professeur de philosophie au Lycée de Méri